Cette année mon voyage aux Hallucinations Collectives fut un peu plus long que les précédentes.
J’ai pu rester grâce à quelques amis (La team KG!) 4 jours dans la cité Lyonnaise. Bien que je n’ai pu y passer qu’un jour ou deux durant les années précédentes; cela m’avait furieusement donné envie de m’y plonger un peu plus, tant le festival au delà de la qualité de ses choix éditoriaux toujours pertinents dégage une ambiance plutôt bonne enfant et proche de son public.
Cette année n’était pas encore l’apnée totale dont j’aurais rêvé mais j’ai pu y voir 10 films et 2 court métrages en animation. Le rythme était plutôt soutenu quand on pense qu’aucun des films vus n’étaient ce qu’on pourrait appeler un déchet. Bien au contraire.
Voici donc un petit retour de ces quelques journées hallucinantes.
Pour rappel la première édition du festival a eu lieu en 2008. C’était d’abord sous le nom de l’étrange festival. Les hallucinations collectives ne sont arrivés qu’à partir de 2011 (j’aime ce nom), et l’équipe de Zone Bis responsable du festival n’a eu de cesse depuis de nous faire découvrir les vrais talents du cinéma d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Un peu de name dropping : Ben Wheatley, Sono Sion, Hitoshi Matsumoto, Alex De La Iglesia, David’O’Reilly, Denis Villeneuve, Peter Strickland… En 2015 ce fut Hidéo Gosha, Mario Bava, Satoshi Kon, Peter Strickland (à nouveau), Piero Schivazappa (avec Femina Ridens l’un de bijoux de cette sélection)…
Le Mercredi je commence avec Rabid Dogs de Mario Bava qui date de 1974 mais dont la sortie véritable n’a eu lieu qu’en 1998.
Rabid Dogs revient de loin puisqu’il est resté longtemps inachevé. Il nous est présenté dans une copie 35 mm restaurée et conforme à la vision du montage imaginé par Mario Bava… Du moins en partie seulement, puisque certains plans rajoutés après restauration ne le sont pas. C’est en tout cas la version la plus proche puisque Mario Bava avait demandé à Stelvio Cipriani (compositeur italien célèbre de musique de films) de composer une musique pour ce film avant de l’avoir tourné. Elle n’avait jamais été utilisée pour ce film jusqu’à récemment. (Au passage merci à Eric Perreti de nous abreuver à chaque projection de ces anecdotes surprenantes et incroyables. Mais comment fait-il?) .
Il raconte l’histoire d’un braquage qui tourne mal et oblige 3 bandits à prendre en otage un homme, son fils et une femme. Les 3/4 du film se déroule donc dans une voiture. La mise en scène, dégraissée de toute afféteries évoque dans sa première partie Les Sorcières de zuggarmurdi de Alex De La Iglesia. Hyper-énergique et directe.
Le film a été réalisé durant les années de plomb en Italie. Cela se ressent dans la folie et la paranoïa des protagonistes. Cette méfiance généralisée de tous contre tous : les victimes, bien sûr mais aussi le pompiste, l’agent de nettoyage méfiant, tout le monde surveille tout le monde. Ce qui nous amène à un twist final logique et terrible. Pour cela il faudra quand même traverser un ventre mou dans la deuxième moitié du film que quelques emprunts à un autre classique de l’époque; la dernière maison sur la gauche; n’évitera pas. Mais la fin démoniaque évite de précipiter le film dans l’ornière.
Difficile à trouver il semblerait en D.V.D ou Blu-Ray à part en import anglais sous le nom de Kidnapped ou Rabid Dogs
Seul film du mercredi, cela commence plutôt bien.
Le Jeudi, on monte d’un cran. 3 films dans la journée. Sélection éclectique.
Meurtres sous contrôle
de Larry Cohen
Réalisateur et scénariste de films concepts comme Phone Game et Cellular. Il a également écrit quelques épisodes de Columbo et réalisé entre autre : Le monstre est vivant, The Stuff, Epouvante à New York et L’ambulance.
Pour ceux qui étaient là, le film avait été évoqué lors de l’intervention de Fausto Fasulo en Octobre. Pas vu à l’époque. J’avais fait l’acquisition du DVD pour le regarder. Une séance en salle est donc la bienvenue.
Meurtres sous contrôle est une œuvre à la tonalité subversive. Sous couvert d’un thriller mystique elle raille la religion et le fanatisme. La mise en scène rend l’enquête captivante car Larry Cohen fait preuve d’une vraie créativité pour suppléer à son manque de moyens. Le film est donc rondement mené jusqu’à un dénouement bien attaqué où le personnage de Richard Lynch, à 2 doigts du kitsch; l’évite brillamment par son aura complètement troublant. Meurtres sous contrôle est également un excellent témoignage de l’ambiance poisseuse des rues de New York à l’époque. Un très bon moment. A voir en DVD
Lost Soul : The doomed Journey of Richard Stanley
De David Gregory
Dans la lignée du fameux Lost In La Mancha, Lost Soul est un documentaire sur le tournage catastrophique du reremake de l’île du Dr Moreau commencé par Richard Stanley et finalisé par John Frankheimer. Si l’histoire homérique de ce film renvoie évidemment un peu à Lost In Mancha, il y a une différence majeure : L’île du Dr Moreau a été finalisé! Et ce fût un énorme nanar à 35 millions. Du coup l’aspect du documentaire est un peu plus légé et certaines anecdotes sont vraiment drôles. L’histoire de Richard Stanley est quand à elle assez triste puisque c’est ce film qui enterrera sa carrière pour des années. En tout cas cette histoire est bien plus intéressante que le film lui même malgré qu’elle donne un peu envie de le revoir pour se rendre compte du plantage et percevoir au coin d’un plan l’homme chien Richard Stanley… Triste
Shrew’s Nest
de Juan Fernando Andrès et Esteban Roel
Dans l’Espagne d’après guerre, Montse est une femme qui souffre d’agoraphobie; ce qui l’oblige à rester cloitré chez elle en permanence. Son seul lien avec l’extérieur c’est sa sœur que Montse semble surprotéger. Mais un jour un homme blessé rentre dans l’appartement. Cela va chambouler leurs vies et mettre à jour les secrets enfouis.
Produit par Alex De La Iglesia, Shrew’s Nest est un digne représentant du cinéma fantastique espagnol. Mise en scène et acteurs impeccables, scénario au déroulement imparable. Peut-être un peu trop. Même si la fin nous réserve un lot de débordement graphique assez réjouissant. On suit le film sans trop de surprise. Un excellent film du samedi soir. Il ne semble pour l’instant pas avoir de date de sortie prévu en France. C’est bien dommage!
On espère au moins une prochaine sortie V.O.D ou DVD
Fin de ma première journée, avec un bilan plutôt positif. Je retrouve quelques connaissances, l’ambiance conviviale du festival, je prends gentiment mes marques. En une seule journée, j’ai déjà vu plus de films intéressants que ces 4 derniers mois au cinéma « classique » de chez moi… Beaucoup d’interrogations.
A suivre