Vous pensiez qu’on avait oublié. Pas le moins du monde.
La voilà, la deuxième partie qui résume la conférence tenue par Fausto Fasulo dans nos locaux le 15 octobre dernier …
On reprend donc après John Carpenter et tout particulièrement Invasion Los Angeles. Revu entre temps au PIFFF à Paris; le film confirme tout le bien que l’on peut penser de lui. Son héros atypique et la charge anticapitaliste particulièrement virulente sont emballés avec la maestria du réalisateur de Western expérimenté. Un pur plaisir en même temps qu’un discours particulièrement offensif contre l’Amérique Reaganienne.
BANDE ANNONCE INVASION LOS ANGELES par fredko3
Bien sûr on pourrait continuer à puiser dans l’Amérique des années 70 et 80 car elle a donné naissance à un vivier de réalisateurs et de films fantastiques plutôt prolifique. Mais ceux-ci sont connus et ont gagné leur reconnaissance. Parfois avec quelques années de retard, mais que voulez vous… On peut citer rapidement : Tobe Hooper avec Massacre à la Tronçonneuse, Wes Craven avec plusieurs de ses films : Les griffes de la nuit, la dernière maison sur la gauche, le sous sol de la peur, notamment …
Le territoire américain a toujours été alimenté par ses réalisateurs têtes brûlés qui expriment à travers l’horreur ou le fantastique un malaise social toujours présent. Parfois avec plus ou moins de talent.
Tel Marty et Doc, faisons un bon dans le futur pour arriver à notre époque.
S’étant fait remarqué avec les excellents Ré-animator et Society, Stuart Gordon a traverser une période creuse (Fortress avec Christophe Lambert notamment) avant de revenir avec des films inspirés et incisifs. On peut d’ailleurs les considérer comme une trilogie par les thématiques abordées mais les 3 films restent visibles indépendamment l’un de l’autre. Ce sont donc
King of the Ants (2003):
Sean est un jeune paumé auquel le parrain local donne pour mission de suivre, puis d’assassiner un expert comptable. Trompé et emprisonné par ses commanditaires, Sean va petit à petit se transformer en monstre…
Pas vu – Difficile à trouver à priori – Selon Fausto ce n’est pas le meilleure de la trilogie.
Stuck (2007):
Brandi rentre chez elle en voiture un soir après avoir abusé de substances illicites. Elle renverse accidentellement un sans-abri. C’est donc l’histoire d’un homme qui n’a plus rien à perdre se fait percuter par la voiture d’une jeune infirmière qui a tout a gagné. L’homme reste encastré dans le pare brise de la voiture. Elle stresse et décide de le cacher dans son garage. C’est le début d’un calvaire pour les 2 personnages qui les emmènera chacun au bout d’eux-mêmes. Le film est bien écrit, les personnages sont justes; avec une petit préférence pour celui qui devrait être le méchant dans la plupart des films se trouve être celui vers lequel se tourne assez rapidement notre sympathie : personne ne l’aide, chaque rencontre l’enfonçant un peu plus loin et pourtant il garde en lui une force de survivre assez phénoménale. Si le film aborde une thématique assez noire, il reste des moments de comédie qui permettent des respirations bienvenues; comme avec l’ami dealer qui détourne efficacement les clichés habituels.
Sans en dire plus Stuck est une excellent série B qui enchantera les petits et les grands fans de cinéma bis. (extrait d’une ancienne critique que j’avais fais. Le film se trouve en DVD pour pas très cher. On peut se faire plaisir).
Edmond (2005)
Edmond décide sur un coup de tête de plaquer sa vie misérable pleine de frustration et de contentement. Il descend dans les rues de New York à la recherche de sexe et de divertissement mais est confronter à l’arnaque et à la violence de la jungle urbaine…
C’est David Mamet qui a écrit le scénario d’Edmond, lui-même tiré d’une de ses premières pièces de théâtre. L’association de ces 2 individus au sein d’un même film donne très envie de le découvrir.
Pas vu mais le DVD se trouve également. Je pense donc remédier rapidement à ce manque.
Si on peut toujours trouver un vivier de réalisateurs prêt à en découdre avec la réalité sociale aux États-Unis ce n’est évidemment pas le seul pays à avoir accouché de petits chefs d’œuvres mariant le genre avec la conscience de son environnement. Nous avons donc fait un petit tour du côté de l’Asie : territoire fécond en productions barrés et incisives.
2 œuvres ont particulièrement retenues notre attention et un réalisateur.
Dream Home (2010)
de Pan Ho-cheung
Ce film ultra stylisé qui pose comme base de son intrigue la difficulté de trouvé un logement à Hong Kong. Un contexte parfaitement social donc qui va donner libre cours à une suite de meurtres inspirés et particulièrement graphiques. Ou comment ravir nos yeux et notre cerveau en un seul film. Et à priori seul film du réalisateur à avoir atterri chez nous (Il semblerait que cela soit également le seul film d’horreur qu’il est réalisé à ce jour. Peut-être le sujet lui tenait-il particulièrement à cœur). Le film est une vraie réussite et un exemple parfait de ce que l’on peut entendre par horreur sociale.
Edité par Wild Side en DVD, Blu-Ray et VOD
Bedevilled(2010)
de Jang Cheol-soo
Si Dream Home prend la forme d’un cauchemar urbain, Bedevilled (aka Blood Island) lui s’affiche comme un cauchemar rural. Hae-Won, une citadine retourne sur l’île ou elle passait ses vacances plus jeune. Elle y retrouve une amie d’enfance Bok-nam. Celle-ci est à la merci des habitants du village et d’un mari particulièrement abusif. Elle demande de l’aide à Hae-won qui refuse parce qu’elle ne désire pas s’impliquer dans la situation. Mais il est trop tard car la situation va virer au cauchemar pour les tortionnaires de Bok-nam.
Le film déroule un rythme plutôt lent dans sa première partie, à l’image du temps qui passe au ralenti sur cette île. Rien ne nous est épargné du calvaire de Book-nam et de la cruauté des gens qui l’entourent; Hae-Won y compris par son obstination à ne pas vouloir l’aider. C’est pourquoi le réveil de Bok-nam fait très très mal. Le film se déroule la plupart du temps en plein jour et ce n’est pas pour nous nous rassurer. Le soleil est écrasant, la chaleur, suffocante et la lumière est aussi menaçante que la pénombre. Le film rejoint en cela l’esthétique des révoltés de l’an 2000 (diffusé le soir de la conférence).
On le trouve en DVD.
Enfin nous allons survoler la carrière très prolifique d’un maître japonais qui ne reste malheureusement que très peu connu en France. Si ce n’est à travers les festivals qui parsèment le territoire et qui diffusent son œuvre. Ne connaissant pas complètement sa filmographie, je vous invite vivement à la découvrir car Sion Sono est certainement l’un des réalisateurs en activité les plus intéressants. Il enterre, à mon avis, le célèbre Takashii Miike qui a toujours évoluer avec plus ou moins de bonheur entre le très bon, le très mauvais et le passable.
Sion Sono est un artiste touche à tout, c’est avant tout un écrivain, poète et performeur (dans le groupe Tokyo Gagaga qui est devenu réalisateur. Bien qu’il réalise ses premiers films dans les années 90. Celui qui le fera connaître en occident date de 2001 et pour ceux qui l’ont vu le choc est rude :
C’est Suicide Club
Suicide Club est un film fou. A sa vision, certains resteront sur le quai et les autres sauteront joyeusement avec tous les écoliers sans savoir ce qui les attends. Et pour ceux qui aime qu’un film les retourne, les renverse, les questionne; ils auront trouvé leur Saint Graal pour quelques années. On ne pourrait donner meilleur définition à Suicide Club que: Film Punk. Le propos du film, son histoire, ses dérapages gores et son humour particulier vous bousculent, vous agresse. Mais de cette confusion visuelle et sensible naît une profonde remise en question des valeurs de la société japonaise et de votre propose morale…
Une claque dans ce qu’elle a de plus cinglant.
Il existait une sortie DVD réunissant Suicide Club et Noriko’s dinner table. Et un DVD du film sortis tous deux chez KUBIK vidéo. Mais la boîte n’existe plus vous ne le trouverez quand occasion. Nous voulions le diffuser au cours du dernier Images Inédites mais les ayants droits étant introuvables maintenant cela s’est avérer impossible.
Que cela ne vous empêche pas de voir ce chef d’œuvre.
Vous pouvez également découvrir (car il existe en combo blu-ray/DVD en France) Love Exposure du même réalisateur. L’un des meilleurs films sur la jeunesse, l’amour, le coup de foudre et contre la religion qu’il m’a été donné de voir.
Enfin nous avons abordé son avant-dernier opus (il est déjà en train de finaliser son dernier film qui sera un Kaiju Eiga) qui semble également très très excitant puisque c’est une adaptation du manga Tokyo Tribes en comédie Musical Hip-Hop. Évidemment il n’a été diffusé pour l’instant qu’une seule fois en France (à l’étrange festival cette année). On espère qu’il sortira chez nous. Voici la bande annonce qui me fait rêver depuis le mois d’octobre…
Voilà. Fin de ce petit résumé de la conférence. Les 3 heures ont parues bien courtes car le sujet est plutôt vaste… Le but de cette conférence était aussi de vous faire découvrir des œuvres un peu moins connues mais qui méritent qu’on s’y attarde. C’était également de vous montrer que le cinéma fantastique n’est pas uniquement un cinéma d’esthétiques et de postures. C’est un cinéma qui nous apprend parfois à regarder au-delà des apparences pour découvrir les vrais monstres qui hantent notre société.
T.