Vous me pardonnerez ce jeu de mot un peu foireux. Je n’ai pas pu m’en empêcher.
J’ai mis une photo récemment car j’ai eu la chance d’aller au PIFFF (http://www.pifff.fr) la semaine dernière. Pour une journée et une nuit. Voici le compte-rendu complètement subjectif de cette journée.
J’arrive à 13h face au Gaumont Opéra, le bâtiment en impose. C’est un vrai grand cinéma. 18 salles, plus de 4000 places. Le PIFFF se déroule dans la salle 2, une salle qui doit faire 300 ou 400 places en gradins. Les conditions de projections sont optimales. Tous les films sont présentés par l’infatigable Fausto Fasulo et le généreux et passionné Cyril Despontin.
La journée commence bien par la diffusion de Starry Eyes, film de Kevin Kolsch et Dennis Widmyer. Le film raconte la descente aux enfers d’une aspirante comédienne qui décroche une audition qui devrait enfin lui ouvrir les portes d’Hollywood. Pour cela elle devra accepter de changer fondamentalement.
Starry Eyes (2014) – Theatrical Trailer par pifff
C’est une excellente surprise! Les comédiens sonnent tous parfaitement justes, avec une mention spéciale à Alexandra Essoe (Sarah) qui porte le film et son personnage avec une grande conviction. Il y a aussi Pat Healy (Carl) qui nous offre une prestation aux antipodes de son personnage dans Cheap Thrills en réussissant à nous rendre attachant son personnage de tenancier de fast food. Le film nous plonge dans le calvaire d’une actrice qui pour décrocher un rôle finie par accepter des choses qui vont lui faire subir une transformation mentale et physique assez gore. On est pas loin du Cronenberg de la première époque. Il y a d’ailleurs une scène qui me semble être en écho direct à la « scène de l’ongle » dans La mouche; pour ceux qui l’ont vu. On peut aussi y voir une influence Lynchienne (Mulholland Drive). Seul petit défaut à mes oreilles, une musique qui surligne parfois beaucoup trop des images suffisamment fortes en elles mêmes.
Pour l’anecdote, les réalisateurs auraient écrit le film après avoir fait un casting auprès de nombreuse actrices pour un projet qui n’a jamais abouti.
Satire de la machine hollywoodienne; qui pour créer du rêve broie le destin des individus et porte aux nues ceux qui auront été prêts à sacrifier leur humanité pour devenir des icônes.
Le film est déjà sorti en V.O.D aux Etats Unis, on espère qu’il arrivera bientôt en France.
Je croise 2 chalonnais à la pause. Maxime et Pascal respectivement étudiant et professeur de cinéma à EMA fructidor. Nous discutons un peu du film visionné avant d’enchaîner rapidement avec les courts métrages fantastiques français. C’est Erwann Chaffiot qui s’est occupé de la sélection. Un large panel de style est représenté, il y a même un film d’animation pour la première fois cette année. La plus part des réalisateurs sont là. Ils parlent rapidement de leur projet. Je retrouve avec plaisir Victor Tsaconas du site Mauvais Garçons et films de genres et Boustoune du site Angles de vue. La séance débute.
La liste des films en compétition :
Shadow de Lorenzo Recio
Puzzle de Rémy Bondeau
Noct de Vincent Toujas
The Sunboy de JP Bouix
La maison de poussière de Jean Claude Rozec
Lune Noire de Gallien Guibert
La Momie de Lewis EIzykman
La séance finie nous devons voter pour le film que nous avons préféré car au PIFFF il y a un prix du public pour la compétition et un prix du jury. Et là j’ai quelques difficultés à en trouver un qui m’a immédiatement plu. J’élimine les 2 derniers, parce que j’avoue que je me suis un peu assoupi et que je les ai vu en pointillé. Dommage car j’ai eu de très très bons échos de « La maison de poussière ».
« The Sunboy« , l’idée est audacieuse mais le sujet est à peine esquissé. « Shadow » est un bon film, plutôt dépaysant car tourné à Taipei. Le film est long, l’accident un peu téléphoné et la poésie affichée ne m’a pas convaincu. Si la mise en scène fonctionne plutôt bien, j’avoue ne pas avoir compris du tout où allait « Noct« . Reste donc « Lune Noire » et « Puzzle ». Je reste sur Puzzle car il traite de la solitude, de l’isolement et de la perte d’un être cher qui sont des thématiques qui m’intéressent particulièrement et plutôt bien traités dans ce court de facture classique mais efficace. Il a eu l’oeil d’or et le prix du jury dans la catégorie meilleur court métrage français.
A peine le temps de boire un jus de fruit en discutant avec Maxime. Et nous revoilà dans la salle pour Spring de Justin Benson et Aaron Moorhead. J’attendais un peu celui-ci car j’avais plutôt apprécié leur premier film : « Resolution » et la bande-annonce de Spring avait éveillé en moi quelques ardeurs. Les réalisateurs, présents dans la salle, semblaient sympathiques et ont assurés le show.
Spring (2014) – Theatrical Trailer par pifff
C’est l’histoire d’amour d’un jeune américain désemparé par le décès de sa mère et d’une belle italienne accablée par le poids d’un secret millénaire.Cette dernière devra faire un choix crucial susceptible de bouleverser son avenir. Le film n’emprunte pas les schémas classiques du cinéma fantastique pour raconter cette histoire d’amour impossible. Il s’en détourne même considérablement en donnant aux mythes une origine scientifique encore inexpliquée (par exemple la Porphyrie dont l’un des symptômes est l’hyper sensibilité à la lumière aurait donné naissance au mythe du vampire). Je ne défleurerai pas plus la teneur de l’histoire pour ceux qui voudraient le voir. De mon point de vue il manque cruellement de chair, de sang et de sexe pour une histoire qui tourne autour de mutation physique et d’amour. Le film a obtenu le grand prix du jury, cela lui permettra peut-être d’avoir une sortie nationale.
Les réalisateurs étaient là pour répondre à nos interrogations. Ils ont répondu avec spontanéité sur l’état du film indépendant aux USA et sur leur façon d’aborder la mise en scène, le casting, … J’avais une question concernant leur rapport au fantastique que ma timidité maladive m’a empêché de poser (mais je me soigne…J’essaye) mais elle m’a trituré pendant une bonne partie du film. J’ai eu l’impression qu’ils défaisaient la mythologie relative aux créatures classiques du fantastique pour en réinventer une nouvelle. Le procédé peut être très courageux ou un rien prétentieux mais j’avoue ne pas avoir compris exactement s’ils aimaient la part fantastique de leur histoire ou s’ils la reniaient… Peut-être une deuxième vision s’impose. Allez savoir.
Après le film une discussion avec Victor de mauvais garçons et films de genres m’a ouvert les yeux sur une autre interprétation probable qui ne sert pas vraiment leur propos. Je mettrais le lien dès qu’il aura fait son compte-rendu. Il a d’ailleurs suivi tout le festival et à fait un retour régulier que je vous invite à consulter si vous voulez en savoir plus sur le reste de la programmation. Il y avait quand même quelques beaux moments de cinéma fantastique (aah Miike… Aah Avalon, Alleluia…). Bref
On attaque la nuit Invasion Extra- terrestre
Je ne résiste pas à l’envie de vous mettre le lien de la petite vidéo très drôle, inquiétante… Drôle… Inquiétante, qui nous a été présentée en introduction
Une présentation en bonne et due forme de Fausto Fasulo et Cyril Despontin et on commence avec du lourd.
L’invasion des profanateurs de Sépulteurs de Don Siegel
Un film ou la Paranoïa transpire à chaque image et nous contamine comme un virus. L’ayant vu il y a très longtemps en vidéo et à la télé, j’en gardais un souvenir lointain mais puissant. Je comprends pourquoi car le film n’a rien perdu de sa force de persuasion et de la noirceur de son propos. Quand on voit le cinéma fantastique de cette époque on se dit que c’était vraiment la merde. Le dernier plan du film fait partie de ces images qui vous sèchent autant que la statue de la liberté dans la planète des singes.
Invasion of the Body Snatchers (1978… par pifff
Ensuite Invasion Los Angeles. Plus léger et fun mais avec un sacré discours de fond qui démonte les institutions et l’ordre établi comme jamais. Nous l’évoquions à juste raison durant la conférence Images Inédites. Carpenter utilise le cadre et le cinémascope comme personne. A part peut-être les grands réalisateurs de Western. Jubilatoire comme pas 2 de revoir la scène de baston entre Roddy Piper et Keith David.
They Live (1988) – Theatrical Trailer par pifff
La fatigue arrive, j’ai l’impression que mes jambes s’allongent et ne trouvent plus leurs places entre les fauteuils. Heureusement le café est offert et des sandwiches pas trop chers sont à disposition. Je me laisse tenter par un Critter (Les critters sont ces vilaines bêtes velues qui ont sévis dans 1 film et 3 suites plus dispensables des années 80). C’est en hommage aux Chiodos Brothers qui ont désigné les créatures et qui ont réalisé Killer Klows from outer space diffusé plus tard dans la nuit. Le sandwichs est très bon, je me demande ce qu’ils ont mis dedans?
The Blob de Chuck Russell. Je gardais un souvenir un peu lointain de ce film. Mais quel putain de bon film! Un savoir-faire typique des années 80. Efficace, rythmé, méchant (le blob s’en prend vraiment à tout le monde). Les dialogues sont bons et les effets spéciaux gores sont particulièrement créatifs. Un film excellent et je regrette de piquer du nez en fin de séance.
The Blob (1988) – Theatrical Trailer par pifff
La dernière séance arrive, la fatigue me gagne mais je me laisse prendre par Killer Klowns from outer space et son univers complètement barré et surréaliste. La carabine à pop corn, les cosses en barbapa, le vaisseau chapiteau. Je craque au bout d’un moment et m’endors face à un scénario qui traîne un peu.
Killer Klowns from Outer Space (1988… par pifff
Je dois repartir avant la fin de la séance pour prendre le train. Plongé dans le rythme des projections je regrette un peu de ne pas être venu plus tôt (aah Avalon. C’était Vendredi!) mais content d’avoir ma dose de cinéma fantastique. Rassasié par des projections de films différents, inédits, fantastiques. Je reste persuadé que le meilleur moyen de découvrir un film c’est dans une salle de cinéma et que c’est une chance de pouvoir visionner certaines œuvres dans des conditions irréprochables.
On peut toujours regarder un film sur son 13′ ou pire sur son smartphone. Mais au final c’est comme écouter de la musique la tête sous l’eau, manger une pizza avec une paille, conduire avec des moufles ou boire un verre de vin coupé à l’eau (Elle a mis de l’eau dans son vin, je l’ai plus jamais revu!)… Cela n’a de sens que si cela reste une étape vers l’envie de découvrir le film qu’on a aimé à sa vraie place : Sur Grand Ecran. Les festivals comme le PIFFF nous le permettent.
Merci à eux.