Je commence donc le compte-rendu de mon séjour au festival de Gérardmer. Pur spectateur au pass total. Le but est donc simple voir le maximum de films. Compétitions et hors compétitions. Alors je vous préviens je parlerais pas que des films. Ils seront marqués en gras, rassurez vous. Mais je vais raconter la vie de marathonien de base de festival.
Jour 1 – Départ et arrivée
Départ à midi et demi pour 3 heures de route. On évacue rapidement les discussions boulot pour entamer le véritable sujet. Le cinéma. On parle du film d’hier. A Ghost Story. Putain quel film! Une véritable histoire de fantômes pour un voyage immobile à travers le temps. La tristesse du personnage suspendu, errant dans une dimension qui l’emprisonne dans un lieu mais le libère du temps pour son plus grand malheur. Avec simplicité, sans fioritures ou effets excessifs David Lowery nous touche en plein coeur. Roney Mara et Casey Affleck sont vivants, d’une sincérité rare, touchante. La scène « de la tarte » est un pur moment d’émotion comme on n’en voit finalement assez rarement. D’une justesse effrayante. L’immense tristesse contenue, la colère, le sentiment de vide, d’abandon… Tout ça dans un plan séquence d’une humilité émotionnelle rare. A l’image de tout ce film vertigineux qui vous hante longtemps. Rarement un drap n’aura été si expressif et la dimension temporelle, si intriguante.
Voilà on digresse, séries ; Légion, the leftovers, Dark pour le haut du panier. The defenders, the walking dead; débat; la mante que j’ai vu récemment(tentative bizarre pour TF1 de faire de la série policière dépressive en mode silence des agneaux); pour le reste.
Paysages qui défilent aux rythmes de Queen and the stone ages. Le nom défile sur l’auto-radio. On n’approche mine de rien assez rapidement. Les premiers panneaux Gérardmer apparaissent. J’ai faim, je mange des chips tout en parlant à Psycow. Le craquement des chips ne mélange à mes phrases, je sais pas comment il fait pour me comprendre. On dresse le plan de bataille en arrivant.
Première étape. 15h30 récupération des pass à la médiathèque des tilleuls à côté du Grand Hôtel ou pour l’instant s’éparpillent quelques silhouettes fluos tournant autour des barrières de sécurité comme des lucioles.
Pass tchecke. Arrivé à l’appartement, à deux cent mètres du Casino : Le lieu du crime la plus part du temps. Sièges agréables pour les fessiers quarantenaires. Pas trop de temps d’attente. Il y a quatre points de diffusions durant le festival :
Le casino
L’espace Lac
Le MCL
et le Paradiso
Dans la majorité des cas nous évitions les deux derniers. J’y reviens.
L’appartement c’est 3 pièces un peu exigues pour deux grands gaillards. Demain on sera quatre; de temps en temps. Parce que la plupart du temps la maison c’est le Casino, l’espace Lac, le M.C.L et si on est obligé le Paradiso( Inferno). Les courses, il faut bien manger. C’est le côté le moins pratique du festival. Manger décemment et voir la maximum de films. Je suis avec un pro donc confiant dans la manoeuvre. Les souvenirs de la première époque me reviennent rapidement. Déambulant dans la rue principale de Gérardmer je me resynchronise. Les vitrines décorées, l’Hôtel, le Leader Price.
L’exposition « Apocalypse sur Carson City » de Griffon direct comme ça. j’avais feuilletée les BDs plutôt. Le noir et blanc impeccable, le soucis maniaque du détail dans le dessin, les pleines pages explosives et les références disséminées aux films et aux jeux vidéos en font un petit bijou visuel. J’ai un peu du mal avec les visages torturés et déformés de tous les personnages mais ça claque!!
Puis on passe au magasin de victuailles, la fromagerie/Charcuterie dans laquelle mon collègue a commandé une meule de tomme au foin. Carrément. Respect. Bon avant ça on doit se payer un peu d’attende derrière 3 molosses habillés en noir skieurs qui dévalisent le magasin et s’en tire pour une somme astronomique. Devant les myriades de Tommes différentes; ail des ours, foin, graines de moutardes, comté, chèvre, munster, saucisses, saucissons, bières…. La caverne d’Ali-Baba, et les 3 gars devant hilares qui partent avec un carton plein de tout ça. On recroise d’ailleurs l’un d’eux plus tard lors de la première séance. Je parais petit joueur avec ma Coppa, et mon fromage… Psycow embarque sa meule et quelques menus qu’on goûtera une heure plus tard. Le gueuleton d’arrivée.
Arrêt à Leader Price. Est-ce qu’il y a quelque chose à dire sur l’action?
Retour à l’appartement, détail sur la déco. Une photo d’Anne Geddes horne le mur du salon d’une couleur orange pâle. Dans le fond à gauche, la chambre. A droite la salle de bain, qui fait un peu mal au coude quand tu t’étires mais ça ira je vais faire attention merci. Dans la cuisine, on se prépare en mangeant un bout de délicieuse junk food vosgiennes. Et puis l’excitation gagne peu à peu. Décollage, pas d’attente mais la salle est blindée. Dehors il pleut. Tout va bien.
LE SECRET DES MARROWBONE
Premier long métrage du réalisateur Sergio G.Sanchez. Film Espagnol au déroulement plutôt classique. Ca semble presque un pléonasme tant le cinéma espagnol peine à se renouveler ces derniers temps. La réalisation est un peu molle. Mais les acteurs et certains rebondissements du scénario font glisser le tout comme une cuillère de sirop. Ca tapisse agréablement nos attentes sans les bousculer. Nous sommes dans le fond de la salle, un peu loin mais les qualités de projection sont bonnes. Le son ambient donne un effet décalé parfois sur les voix. Surtout celles hors-Champs.
On a assisté au pré-générique spécial Gérardmer. Pour ceux qui savent : Frankenstein, La momie, le loup-garOOUUUU! Cela commence maintenant. Mise en jambe réussie. Pour le film c’est un bon. Positif, optimisme, on y croit. Et j’attends patiemment et avec excitation mon Evolution. Ou autre… Les yeux sont ouverts, l’esprit attentif.
Petit recadrage après plusieurs jours de festival. Film trop classique, qui repose sur un scénario à rebondissements. mais à trop vouloir rebondir on se cogne au plafond. Et le film fait pschiit.
22h30 Nous revoilà à l’appartement. Débrief et plan de combat pour le lendemain en grignotant la charcute du magasin magique. Dehors, en face, dans l’embrasure d’une fenêtre éclairée, une barbe m’astique, à moitié masquée par une femme qui nettoie la vaisselle. Il pleut à saut. Ceci est une rose.