Spectateur de festival – Jour 4

Ce texte contient ma grosse claque du festival, qui est aussi le Grand prix, le prix du public et le prix du jury Syfy…

Ce matin, les yeux collent, les os craquent un peu. Le réveil a une sonnerie énervante. La journée est plus cool aujourd’hui. Deux films plus la sélection de courts métrages. Donc quelques automatismes plus tard. Café, caca, douche ou l’inverse. Dehors. Espace Lac. Psycow part avant moi pour garder une place. Je suis à la bourre. Le grand prix des grands prix croise ma route… Pour les 25 ans, le festival de Gérardmer organisait un vote pour déterminer le Grand prix des grands prix. C’est Scream de Wes Craven qui a gagné. J’ai voté Morse de Tomas Alfredson

Je suis les traces. Je suis une trace parmi les autres.

 

Rien d’autre qu’un regard. prêt? Assit. RoooOOb! Private joke à l’usage des festivaliers. Pratiquement à chaque séance, il y a une publicité pour les vosges avec un zombie qui s’appelle Rob et il  aime les mûres. Et une petite fille en cirée jaune (peut-être un hommage à Il était une fois le diable) l’appelle d’une voix fluette et compatissante.

Les Affamés, Film de zombi Québécois de Robin Aubert.
Prix du jury Ex-aequo avec Les Bonnes Manières. Mise en scène réaliste pour cette invasion en mode intimiste. Les zombis sont là dans la campagne québécoise. Ils réagissent au bruit. Les affamés réussit à être drôle, terrifiant, gore et finalement avoir une approche complètement personnel du genre en racontant cette histoire qu’il dédie en début de séance aux deux femmes de sa vie. Un premier coup de coeur. Pas violent, soudain. Mais un sentiment souterrain, un ressenti qui dure qui fait grandir un peu plus l’impact du film. Les personnages sont justes et touchants. Humour particulièrement brillant. Un cousin lointain du Dernier Kiochi Kurosawa. Par sa densité narrative, ses personnages et son mystère, j’irais pas jusqu’à dire qu’on tient là un nouveau « La nuit des morts-vivants » mais il me semble qu’on tient en tout cas l’un des dignes descendants.
Le film sort sur Netflix début Mars. Si vous avez Netflix vous pourrez vous faire une idée sinon allez bien vous faire mettre les cinéphiles dit le patron de Netflix en comptant ses billets… Mais j’interprète sans doute. Y’a des très bons trucs sur Netflix. Mais je ne sais pas si la multiplication des plateformes de V.O.D est une bonne chose pour l’instant. Autre débat.

Retour en ville, je chope un hot-dog dans la baraque à frites à l’entrée du Lac. Tenu par 3 ou 4 vieux d’humeur joyeuse qui parlent tous en même temps. Je tente un sourire complice mais globalement j’ai rien compris à ce qu’ils ont dit. Puis arrêt à la boulangerie, les sandwichs ont l’air délicieux. Mon ventre jette son dévolu sur un panini poulet/curry des plus garni. Le sandwich finira par végéter à moitié mangé dans ma poche de blouson.
Aujourd’hui nous sommes en mode peinard on a le temps. J’en profite pour retourner à la médiathèque des tilleuls pour découvrir les animations et quelque expositions qui fleurissent dans la salle du Grimoire. Le bloody week-end est là. Sa collection de DVDs et blu-ray rutilante me fait de l’oeil. Les jaquettes m’appellent, susurrent des visuels attirants à mon regard, se parent de leurs plus beaux atours collectors. Je vais craquer devant la superbe édition collector du Phantom de l’opéra. Oh, Ooh… Non je me retiens. Frustration passagère.

Dans le fond il y a un autre stand. Viens. Choisis moi. Je plonge dans les bacs de 33t comme un drogué en manque. Des Editions des goblins, Lost themes de Carpenter… J’arrête vite. J’ai pas de platine, ça solde le problème. Mais à côté il y a les DVDs et Blu-ray. Ah putain je finis par craquer pour Willard de Glen Morgan parce que j’en garde une expérience tétanisante et aussi parce que j’ai découvert il  y a pas très longtemps que je flippais des rats. Mais genre à mort. Tellement que c’est presque gênant qu’en j’y pense. Pourtant j’ai bien rigolé devant Les Rats de Manhattan. Basse vengeance de leurs parts? Possible je crois. Je repars à droite. Les jeux. Bon. En face les artistes fou Associés. Belles sérigraphies. Et livres d’histoires courtes. Sur l’une des couvertures, un bandeau : Interdit dans 32 pays. Pas totalement dupe mais quand même ça mérite le coup d’oeil. J’embarque les contes marrons parce que y’a une mouche sur la couverture, des chiottes sales et plein d’histoires de caca. Une sérigraphie du Mugwump du Festin Nu et bien sûr les contes rouges interdit dans 32 pays. Les gars me dédicacent les trois ouvrages. Je récupère des marques pages magnifiques et des sous-bocks à encadrer.  Les Artistes fous ont tous l’air plutôt sympathiques. Je rencontre des Chalonnais qui traînent aux soirées Propagation Bis. Ils sont venus pour le week-end au festival. Gérardmer, un des lieux ou converge les passionnés du fantastique. Ça fait plaisir de les voir. Et puis je me rends compte que c’est déjà l’heure de repartir.

Passage à l’appartement. Décollage pour le lac.

Sélection de courts-métrages. Salle pleine. Les réals sont là.

Animal de Fabrice Le Nezet et Jules Arnaud
Un futur proche, des combats clandestins, une vengeance.
Une mise en scène sophistiquée, léchée pour un film qui ne décolle jamais vraiment. L’enjeux n’arrive jamais à vraiment nous captiver.

Belle à Croquer de Alex Courtière
Univers acidulé autour de l’histoire d’un cannibale gourmet brûlant d’amour pour sa voisine végétarienne.  Visuellement c’est magnifique et très influencé par le travail de Wes Anderson et Tim Burton (?). Mais noyé dans une direction artistique impeccable le film peine à exister.

Et le diable rit avec moi de Rémy Barbe (Grand Prix du court-métrage)
Le réalisateur fait partie de la bande des Films de la Mouche.  Le film raconte l’histoire de Samuel, un être asocial qui ne vit qu’à travers la musique hard core et les films d’horreurs. Ah oui, parfois il parle au diable. Nerveux, rentre-dedans, parfois maladroit mais suffisamment volontaire et trash pour remporter l’adhésion. Le film fait finalement preuve d’un sacré culot visuel et ça fait plaisir.

Livraison de Steeve Calvo
Etrangement le film fait partie de l’anthologie des résidences So Film que nous verrons demain. C’est pourquoi je n’en parlerais. Il faut l’avouer également je me suis assoupi un peu aussi.

The Station de Patrick Ridremont
Avec une station service déserte, un photocopieur, un pompiste qui s’emmerde et un couple de jeunes mariés, le réalisateur tisse un court-métrage impeccable. Humour, folie, rythme. La mise en scène est   incroyablement maîtrisée. On a même le droit à une apparition savoureuse de Virginie Efira. Film parfait apparemment déjà diffuser à Cannes 2017 pour les talents Adami. Ca n’en reste pas moins mon préféré.

Sortant de l’Espace Lac nous en profitons pour faire un petit crochet par la salle d’exposition attenante.  Y’a  deux artistes qui retiennent mon attention :
Édouard Heyraud alias Vizz et ses sculptures Bionic et ses créatures issues d’un autre monde.
et Julien Lesne alias Lloyken. Graphiste illustrateur plutôt doué. Je vous laisse apprécier son portfolio. Pour le reste les autres artistes présents n’étaient pas  spécialement captivant à mon goût. Psycow a apprécié lui le travail de David Villefert et Cédric Taillefer.
Avant le dernier film de la journée, nous repassons au Grimoire. Je ne pense qu’à une chose, depuis que Psycow a magistralement joué le coup et nous a permis d’assister à la projection de Ghosthland au Casino. Pas au lac, oui. Mais on s’en moque. Une grosse excitation s’empare de moi. J’essaye de la masquer tant bien que mal. Bon ça va, j’ai pas une bosse dans le pantalon mais je suis tellement impatient de découvrir le dernier film de Pascal Laugier. Putain! Vivement ce soir.
Je fais un tour à l’exposition Lovecraft au dessus du Grimoire dans la médiathèque et là! Quelle ne fut pas ma stupeur de découvrir qu’il en possède un exemplaire. Le Nécronomicon.
Donc arrêtons les théories aléatoires et les appropriations douteuses. Il est à Gérardmer, je l’ai vu. De là à imaginer que c’est par le lac de la ville que les grands anciens se manifesteront…

La file d’attente. On discute du court-métrage Animal qu’on a pas particulièrement apprécier. Un gars se mêle à la conversation. Moustache qui vrillent, longue barbe soignée, regard pénétrant derrière de grandes lunettes rectangulaires. Avis partagé.  On évoque Pushing Daisies, il évoque Tim Burton pour Belle à Croquer, je pense plutôt Wes Anderson. Le temps passe, la file avance. Nous sommes prêt.

Incident in a GhostLand de Pascal Laugier
Grand prix, prix du jury, prix Syfy
Sans aucun doute m’on coup de coeur. Pur plaisir de tous les instants. L’impression de redécouvrir le plaisir de la frousse.  Un vrai film d’horreur qui renouvelle les attentes. Les déjoue, Nous claque méchamment la gueule. Ca démarre assez vite et l ‘histoire s’arrête à peine.Une ambiance malsaine, stressante. Le mix parfait entre la violence sèche et frontale de Martyrs et une histoire à twists comme the Secret. Mise en scène brillamment orchestrée. Acteurs parfaits. Mylène Farmer joue et se dissout dans son rôle. Plein de détails excellents; comme le camion de bonbons, sa musique, le boogeyman hyper malsain; me reviennent et font de ce film un putain de grand film d’horreur. Et le plan de fin qui sonne comme une déclaration d’intention du réalisateur. Si vous aimez les films d’horreur. Ne cherchez pas à savoir quelque chose sur le film. Tentez simplement l’expérience Incident in a ghost land.

A la sortie du film, nous croisons Rurik Sallé. L’un des créateur du Magazine Distorsion, Métaluna. Il faut dire que Psycow se promenait régulièrement depuis le début du festival avec son sac : Le cinéma français c’est de la merde! dans le but de se faire photographier sac à la main avec un membre du jury. Psycow soutient à mort le magazine. Je le lis assez régulièrement. Et j’aime bien le personnage sans le connaître plus que ça. Il est cool et nous donne rendez vous le lendemain pour discuter.

Demain c’est le dernier jour. Content d’avoir vu un film qui n’a pas peur de bousculer sincérement, honnêtement. Je le vois bien remporter haut la main le grand prix. Ce qui se confirmera, voir plus haut.